Le cheptel de Céline Denjean

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Le cheptel de Céline Denjean

Une belle découverte pour moi qui ne connaissait pas cette autrice avant de lire son deuxième roman... suite de La fille de Kali (que je n'ai pas lu évidemment!

La bonne nouvelle : c'est la suite, mais ce n'est pas la suite... (mais qu'est-ce que c'est ?!?!

C'est à dire qu'on retrouve la flic du premier roman et on fait allusion à l'affaire, sans que cela soit dérangeant dans la lecture, puisque c'est une histoire à part qui amène de nouveaux personnages.

Alors, allons-y avec les mises en garde (ou traumavertissement selon Radio Canada...https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/on-dira-ce-qu-on-voudra/segments/chronique/57276/en-francais-svp-trigger-warning-traduction-oqlf) : ce livre parle de la traite de personnes... et donc de viol et autres agressions et même si c'est fait intelligemment, sans tomber dans le gore extrême de certains auteurs, je préfère prévenir.

Ce qu'il y a de bien dans ce livre, c'est qu'on ne s'ennuie pas ! Plusieurs histoires de chevauchent à travers plusieurs personnages et plusieurs voix. On suit au "je" Louis Barthès qui vient de faire une découverte renversante et cherchera l'origine de son histoire, au "tu" Atrimen qui fait partie du cheptel (et c'est hyper intelligent, car ça ajoute au sentiment de manipulation dont elle est victime!) et dans un style narratif impersonnel les flics et Bruno, le jeune ado hyper intelligent, mais pas trop physique qui se retrouve dans le cheptel et nous fait comprendre par son regard d'ado d'aujourd'hui, à quel point le décalage entre notre réalité et le cheptel est un gouffre. 

Il faut souligner le travail d'écriture de Céline Denjean, 
  • qui fait vivre ses personnages et les rend plus vrais que nature; 
  • qui nous transmet si bien le choc de civilisation entre les habitants du cheptel et nous (représentés par Bruno)
  • qui instille si justement le stress  dans cette course contre les montres : celle de Louis qui se bat contre le temps pour retrouver des témoins, contre celle de la police qui cherche Bruno, celle de Bruno qui cherche à s'échapper, celle d'Irinaë, grande prêtresse qui veux effacer ses traces...
 
C'est donc une histoire aussi bien ficelée du point de vue de l'enquête, qu'intéressante pour les faits historiques et bien servie par des personnages bien écrit. 
J'ai beaucoup aimé le partie concernant Atrimen et Bruno, c'était très intéressant de voir la différence entre un jeune ado de notre époque et une jeune fille qui a grandie dans un culte qui garde son cheptel ignorant du monde actuel. 

J'ai moins aimé la fin, un peu trop "vite-fait, bien-fait" à mon goût. Je ne peux pas en dire trop pour ne pas divulgâcher, mais je trouve que l'épilogue aurait pu être mieux pensé. 

Malgré cette fin moins apprécié, cela reste un très bon livre qu'on lit d'une traite avec un sentiment d'urgence jusqu'à la toute fin. 


4e de couverture 

Le corps d'une jeune femme est retrouvé en Lozère. Au regard des éléments qu'ils détiennent, les enquêteurs de la SR de Nîmes se forgent rapidement un avis : elle a fait l'objet d'une chasse à l'homme... Pour le capitaine Merlot, d'Interpol, les conclusions médico-légales placent cette victime dans une longue série. Les gendarmes nîmois vont alors apprendre à leur grande stupéfaction, qu'Interpol tente depuis vingt-cinq ans de démanteler un réseau de trafic d'êtres humains. Louis Barthes, notaire à la retraite, est à la recherche de sa soeur jumelle dont il ignorait l'existence. Ses démarches vont a peu à peu le faire remonter jusqu'à une poignée d'orphelins juifs dont la fuite vers l'Espagne s'est arrêtée dans les Pyrénées... Jeune adolescent de 13 ans, surdoué, Bruno passe des vacances dans les Pyrénées quand il tombe dans un dangereux torrent et est emporté par les flots. Il parvient miraculeusement à s'extirper des eaux tumultueuses, et cherchant de l'aide, découvre une communauté vivant hors temps et hors réalité dirigée par une grande prêtresse qui se fait appeler Virinaë. Trois fils que Céline Denjean tisse ensemble dans un suspens et une tension exceptionnels, et surtout avec sa remarquable maîtrise du récit révélée dans ses précédents romans.

Je t'aime de Barbara Abel

Ce n'est ni mon premier livre de Barbara Abel... ni mon dernier, c'est certain !!

Mon premier livre était L'innocence des bourreaux, alors comme je ne l'avais pas encore discuté... je vais faire d'une pierre deux coups ! 

Parce que dans ces deux livres, et je pense que c'est vraiment la force de cette autrice, la puissance de l'histoire tient aux protagonistes et à sa description de la nature humaine. C'est impressionnant de justesse ! 

Dans L'innocence des bourreaux, des individus sont pris en otage par un loubard... et tout dégénère. Entre le jeune qui veut jouer les héros, la vieille Tatie Danielle pas si inhumaine au fond, la mère de famille qui ferait tout pour retrouver son enfant laissé seul à la maison... il y en a pour tous les goûts. L'histoire nous permet de réfléchir aux actions que nous ferions dans pareille situation. Et avant de penser (ou dire !) que vous feriez mieux, intégrez leurs histoires, pensées et émotions, vous verrez que tout n'est pas si tranché. 

Dans Je t'aime, on va encore plus loin dans la psyché du genre humain et des personnages. Il est question ici d'amour, de haine, de vengeance, de lâcheté, de jalousie, de désespoir maternel et paternel... Jusqu'où seriez-vous prêt à aller pour votre enfant ? Pour le venger ou le sauver ? Comment réagir face à la mort de son enfant ? Comment pardonner aux responsables éventuels de sa mort ? Peut-on leur pardonner ? 

Chaque personnage est excellemment bien écrit, chacun d'eux m'a fait vivre des émotions, parfois (très très) intenses. C'est d'ailleurs la première fois que je dois poser un roman, parce que j'avais vraiment le goût d'étriper le père (ok, c'est pas pour spoiler, mais à force de ne pas donner de détail, ça devient difficile pour vous, de comprendre et pour moi de me rappeler!)

Même si je pouvais comprendre ses émotions, bien honnêtement, il est allé trop loin... l'enfoiré ! (pfiou... il suffit d'en parler pour m'énerver ! ahah !)

Bref, c'est intense et intensément bon, alors gâtez-vous ! 

Résumé du livre

Après un divorce difficile, Maude rencontre le grand amour en la personne de Simon. Un homme dont la fille, Alice, lui mène hélas une guerre au quotidien. Lorsque Maude découvre l’adolescente en train de fumer du cannabis dans sa chambre, celle-ci la supplie de ne rien dire à son père et jure de ne jamais recommencer. Maude hésite, mais voit là l’occasion de tisser un lien avec elle et d’apaiser les tensions au sein de sa famille recomposée.

Six mois plus tard, Alice fume toujours en cachette et son addiction provoque un accident mortel. Maude devient malgré elle sa complice et fait en sorte que Simon n’apprenne pas qu’elle était au courant. Mais toute à sa crainte de le décevoir, elle est loin d’imaginer les effets destructeurs de son petit mensonge par omission…

Ceci n’est pas exactement une histoire d’amour, même si l’influence qu’il va exercer sur les héros de ce roman est capitale. Autant d’hommes et de femmes dont les routes vont se croiser au gré de leur façon d’aimer parfois, de haïr souvent.
Parce que dans les livres de Barbara Abel, comme dans la vie, rien n’est plus proche de l’amour que la haine…

Toutes blessent, la dernière tue de Karine Giébel



Encore du lourd de Karine Giébel ! C'est décidément l'autrice qui me fait aimer les fins qui finissent mal !
Cette fois-ci on va dans les bas-fond de la cruauté humaine, de la misère et des vies brisées. Le sujet peut paraître très fictionnel... sauf que quand on regarde un peu ce qui se passe dans le monde, on se rend compte du côté très (trop !) véridique de l'histoire !


C'est un livre qui donne envie de crier "mais quelle horreur!", mais qu'on ne peut pas lâcher parce que le rythme enlevé, l'atmosphère aussi noire et désespérée que pleine d'amour, la qualité des personnages, la justesse des sentiments vécus, cette envie de justice, cet espoir qui nous tient au corps tout du long pour que cela finisse bien (même si pour qui a lu Giébel, on sait que ça finira mal !) et tout ce qu'on ressent à la lecture ne peut pas être mis de côté.


C'est fort, c'est dur, c'est même difficile à lire par moment, mais qu'est-ce que c'est bon !

Pour l'anecdote, j'ai passé ce livre à une cousine qui me demandait ce que je lisais. Elle m'a dit qu'elle allait finir le livre qu'elle lisait à ce moment-là et qu'elle le lirait après. Je lui ai demandé de lire au moins le prologue pour savoir si le livre lui plairait ou pas (parce que rien que le prologue était intense et dans la ligne droite de l'histoire). Comme ce style de violence n'est pas pour tout le monde, je voulais être sûre que le livre lui plairait... et au final, elle n'a pas pu le lâcher et l'a fini en quelques jours !

4e de couverture

Maman disait de moi que j'étais un ange.
Un ange tombé du ciel.
Ce que maman a oublié de dire, c'est que les anges qui tombent ne se relèvent jamais.

Je connais l'enfer dans ses moindres recoins.
Je pourrais le dessiner les yeux fermés. Je pourrais en parler pendant des heures.
Si seulement j'avais quelqu'un à qui parler...

Tama est une esclave. Elle n'a quasiment connu que la servitude.

Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer.

Une rencontre va peut-être changer son destin...

Frapper, toujours plus fort.
Les détruire, les uns après les autres.
Les tuer tous, jusqu'au dernier.

Gabriel est un homme qui vit à l'écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures.

Un homme dangereux.

Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique.

Qui est-elle ? D'où vient-elle ?

Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite !
Parce que bientôt, tu seras morte.

Principes mortels de Jacques Saussey

J'ai rencontré Jacques Saussey dans une foire aux livres. Son air sympathique tranchait avec son style d'écriture : le polar et m'a donné envie de le découvrir. Comme en plus, il est adoubé par Franck Thilliez... je ne pouvais que le lire !

Principes mortels et le deuxième livre que je lis de lui et il diffère pas mal en fait. Ce n'est pas un thriller, ni un polar bien stressant, mais plus une histoire lancinante, où le malaise se ressent à travers les personnages, les non-dits, l'agressivité envers les "intrus" (pas du village en somme), les tabous familiaux, tout y passe.

On se retrouve avec Franck, un jeune gars sympathique qui n'a pas eu une vie facile et vient chez sa tante pour réviser son bac qu'il doit passer en rattrapage. Franck est le sosie de son cousin, fils de sa tante, et mort dans des circonstances qui s'avèrent douteuses.

Finalement, Franck passera plus de temps à enquêter sur le décès de son cousin, ou pris dans les tumultes des querelles entre sa tante et son oncle, ou à tomber en amour avec une beauté du village qu'à réviser pour son bac. Et si, au départ, tout commence tranquillement, les choses vont s'accélérer au fur et à mesure des découvertes de Franck et de la tension destructive entre sa tante et son oncle.

Le final est encore plus sombre et on se dit qu'il y a quand même des familles qui n'ont pas de bol dans la vie. Comme quoi, les non-dits sont bien plus destructeurs (en mode pernicieux) que les conflits ouverts.

C'est en tout cas une belle plongée dans la noirceur familiale, un portrait réaliste et sombre des liens familiaux brisés, d'histoires de vie qui ne peuvent que mal finir. Un roman fort et sombre, à l'ambiance oppressante.

4ème de couverture :

La mort a toujours le dernier mot.

Été 1979. Franck Servin, dix-huit ans, fuit le naufrage du foyer familial pour réviser son bac. Il trouve refuge chez son oncle et sa tante, dans une ferme de la Creuse où, quatre ans plus tôt, son cousin Paul a trouvé la mort sur une route qu'il connaissait depuis l’enfance. Cette tragédie a ouvert une plaie qui ne s’est jamais refermée. Trente ans plus tard, revenu dans la Creuse, là où tout s’est noué, Franck sait qu’il va mourir. Il a quelques heures, quelques jours peut-être, pour laver sa mémoire et raconter comment, cet été-là, le piège du destin s’est refermé sur les siens.

Avertissement : Un e-galley de ce titre m'a été fourni par l'éditeur. Aucune critique n'a été promise et la chronique ci-dessus est une critique non biaisée du roman. Merci Netgalley et Bragelonne !

Trilogie W3 de Jérôme Camut et Nathalie Hug

L'année dernière en rentrant en France et après quelques critiques dithyrambiques trouvées sur Internet, j'ai trouvé mon bonheur à la Fnac (rahhhh la Fnac!!! tu me manques !) et acheté les deux premiers tomes de la trilogie en me disant que ça me laisserait le temps de trouver le troisième au Québec, sachant que ma PAL remplie une mini bibliothèque Billy... (mais ça, c'est un autre sujet)

Bref, j'ai donc commencé le premier livre que j'ai adoré ! (Y'a vraiment de bons auteurs en France !) J'avais vraiment le goût d'attaquer le deuxième dans la foulée, mais avec ma fameuse PAL  qui ne désemplit jamais, j'ai préféré lire d'autres choses. Cette année, partie une semaine à Cuba, je me suis dis que c'était parfait pour lire le deuxième tome...

Et comment j'ai regretté de ne pas avoir déjà acheté le troisième tome !! Avec une fin explosive qui vous prend aux tripes et un suspens à couper au couteau, c'était intenable. Et en plus, j'étais "coincée" (mouahahah) à Cuba, incapable de commander la fin.

Résultat, dès mon retour, j'ai passé la commande (c'est plate à dire, mais merci Amazon qui permet d'avoir des livres que les libraires ne peuvent avoir...) Et le graal est arrivé peu de temps après. J'ai donc pu terminer la trilogie dans la (presque) foulée.

Alors, après cette mise en contexte, quel est mon avis sur cette trilogie ? C'est vraiment bon !!

Tout d'abord, et je tiens à le souligner, car c'est assez rare (en fait, c'était une première pour moi!), les auteurs ont l'intelligence, aux deuxième et troisième tomes, de mettre un résumé du tome précédent. Un peu du genre : "que s'est-il passé dans le dernier épisode" des séries. Et j'ai trouvé ça vraiment génial, parce que leur histoire est assez complexe, avec une panoplie de personnages, des rebondissements et de l'action à revendre. Alors quand on lit les livres avec quelques mois d'écart, forcément, c'est bien pratique et sympa de se faire rappeler l'histoire et où on en est.

Ensuite, j'ai bien aimé le fait que chaque chapitre commence par une citation d'un des personnages, ça les rend encore plus réels, attachants ou intrigants et cela permet également de mieux comprendre leurs actes ou le déroulement de l'histoire.

Parlons personnages, dans la trilogie, il y en a pour tous les goûts. Ce que je veux dire c'est qu'il y a des personnages très manichéens, très tranchés, et d'autres, plus subtiles, plus nuancés, qui peuvent commettre des actes mauvais pour le bien des autres. Il y a des personnages attachants, d'autres qui m'ont laissé plus insensible à leur malheur et je trouvais ça bien, parce que je sentais bien que les auteurs étaient capables d'en dégommer un ou deux pour le plaisir d'une intrigue bien prenante aux tripes. Et j'ai eu raison, des morts, il y en a des deux côtés... mais les auteurs se la jouent un peu à la George R. R. Martin et n'hésitent pas à tuer des personnages (oui, DES !) qu'on apprécie particulièrement. Du genre, ils ne vont pas oser quand même ?! Et bien si. Et ça marche vraiment bien, parce qu'après ça, le suspens est encore plus intenable, ne sachant pas quel personnage aimé pourrait être le suivant !

Il est difficile d'en dire trop sans briser l'intrigue, mais l'histoire de cette trilogie concerne le trafic de femmes, les luttes d'influence et de pouvoir, les dérives politiciennes ou judiciaires, la lutte contre le mal, parfois grâce au mal... En résumé, c'est vraiment complexe, d'actualité et bien mené.

Bref, le genre de trilogie qu'on regrette de quitter, des auteurs à suivre sans hésiter et la joie de savoir qu'un autre livre est consacré à l'un des personnages les plus énigmatiques de la trilogie, de quoi se plonger avec plaisir dans cet univers !