Dead Harvest (The Collector)

De Chris F. Holm
Urban fantasy
Angry Robot; Original edition 2012
384 pages – 8.99 $

Lu en VO
In English here

Pourquoi j’ai choisi ce livre 

J’ai rencontré Chris F. Holm durant le festival QuébeCrime et j’ai tout de suite aimé son humour et son humilité comme auteur. Il se demandait ce qu’il faisait au milieu de tant de grands auteurs de polar, thriller et autres crime fiction. Son premier livre Dead Harvest est sorti en février, son deuxième The Wrong goodbye en octobre (au moment du festival). Je ne connaissais donc pas ses livres, mais il était si sympathique que j’ai voulu l’encourager en achetant son premier roman. 

Le résumé

Meet Sam Thornton. He collects souls.

Sam’s job is to collect the souls of the damned, and ensure they are dispatched to the appropriate destination. But when he’s sent to collect the soul of a young woman he believes to be innocent of the horrific crime that’s doomed her to Hell, he says something no Collector has ever said before.

“No.”

Ce qui donne en français

Rencontrez Sam Thornton. Il collecte les âmes.

Le travail de Sam est de collecter les âmes des damnés et de s'assurer qu'elles sont envoyées à la destination appropriée. Mais quand on l'envoie collecter l'âme d'une jeune femme qu'il pense être innocente de l'horrible crime qui l'a condamnée à l'enfer, il dit une chose qu'aucun Collecteur n'a jamais dit avant.

"Non."

Ce que j’en pense 

J’ai adoré! L’humour noir parsemé de-ci-delà, l’histoire originale, le méchant (collecteur d’âmes) qu’on aime. Y a-t-il plus anti-héros qu’un collecteur d’âmes ? Et ça marche! Le tout sur un rythme endiablé (sans jeux de mot), de l’action à gogo, des rebondissements, des doutes (bon finalement est-elle si innocente?). J’avais peur en commençant le livre que cela soit trop moralisateur, très religieux, le bien versus le mal et tout le toutim. Mais pas du tout, il y a des méchants dans le camp des anges et des gentils dans le camp des démons, le tout étant une question de choix.

À propos de l'histoire, je ne suis pas - ou n'étais pas jusqu'à ce livre - une lectrice de fantasy urbaine (je ne connais même pas de genre). Une chose est sûre, je n'avais jamais lu d'histoire sur un collecteur d'âme qui mène une enquête et c'est génial ! Comme dans George R. R. Martin, je trouve intéressant que la notion de bien ou de mal soit une question de choix. Les personnages ont le choix de leurs actions.

Le ton du livre est également une chose que j'ai grandement apprécié. Il est cynique, drôle et intelligent. Certains dialogues m'ont fait éclater de rire - ce qui n'est pas une bonne chose quand on lit à côté d'un endormi... 

Bref 

Je le recommande vivement à qui aime les thrillers et le surnaturel, car voici un parfait mélange des genres. Je sais maintenant pourquoi il a été invité au festival QuébeCrime : c'est un excellent auteur !

Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates

de Mary Ann Shaffer & Annie Barrows
Édition 10-18
400 pages - 15,95 $

Pourquoi ce livre 

Pour le titre ! J'ai l'habitude de lire les auteurs anglophones dans leur langue, mais là, un seul coup d’œil en passant devant le livre et j'ai été conquise par son titre... et sa couverture je l'avoue. C'est sans doute un peu léger, voire limite, comme justification de choix de livre, mais que dire... le hasard a bien fait les chose !

Le résumé 

Tandis que Londres se relève douloureusement des drames de la Seconde Guerre mondiale, Juliet Ashton, jeune écrivain, compte ses admirateurs par milliers. Parmi eux, un certain Dawsez, habitant de l’Île de Guernesey, qui évoque au hasard de son courrier l’existence d’un club de lecture au nom étrange: “Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates”... Passionnée par le destin de cette île coupée du monde, Juliet entame une correspondance intime avec les membres de cette communauté. Et découvre les moyens fantaisistes grâce auxquels ces amis bibliophiles ont résisté à l’invasion et à la tragédie. Jusqu’au jour où, à son tour, elle se rend à Guernesey. Pour Juliet, la page d’un nouveau roman vient de s’ouvrir, peut-être aussi celle d’une nouvelle vie...

Ce que j'en pense 

Anna Gavalda l’a trouvé délicieux. Je la seconde! Jamais ennuyant, toujours agréable, on y retrouve cette politesse surannée, y compris lorsque la vieille chouette tente de déblatérer sur les membres du cercle de lecture. C’est le genre de livre à déguster et qui vous laisse sur l’âme un arrière goût nostalgique à l’idée de quitter ses personnages attachants et de retomber dans une réalité où la correspondance a disparu et où le langage a perdu de sa truculence. 

Ce livre vous donnera envie de renouer avec les joies de la correspondance écrite pour retrouver l'excitation de l’attente du facteur, le plaisir sans cesse renouvelé de la réception du courrier et la joie de la maîtrise des mots qui retrouveront leur sens, lourds de propos et de sentiments. 

Bref 

Je l'ai offert à ma grand-mère qui a eu du mal à accrocher au début (oui, le genre épistolaire ne plaît pas toujours), mais qui l'a finalement beaucoup aimé.

Les bienveillantes

de Jonathan Littell
Gallimard, 2006
912 pages - 25 €

Pourquoi ce livre 

Disons qu’il a été largement cité partout et par tout le monde, principalement pour avoir gagné le Goncourt 2006 et ultimement pour le malaise qu’il a créé du fait que son narrateur est un ancien nazi pas repenti. Je me disais qu’après mon échec à lire un autre auteur Goncourt (Michel Houellebecq), il fallait bien que je redonne une chance à la littérature « noble ». Et puis, par un heureux (?) hasard, j’ai trouvé le livre dans un marché aux puces à 3 € et rien que pour ça, un pavé à 3 €, ça valait la peine non ?

Le résumé 

'En fait, j’aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n'est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret ; grâce à Dieu, je n'ai jamais eu besoin, comme certains de mes collègues, d'écrire mes mémoires à fin de justification, car je n'ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien :j'ai fait mon travail, voilà tout ; quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi ; et pour le reste, vers la fin, j'ai sans doute forcé la limite, mais là je n'étais plus tout à fait moi-même, je vacillais, le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le. Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l'air, le manger, le boire et l'excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif.'

Ce que j’en pense 

Ouf ! J’ai aimé les détails historiques véridiques, j’ai aimé en apprendre plus sur le front de l’Est. J’ai découvert la hiérarchie allemande de « l’intérieur ». J’ai voyagé dans les pays de l’Est et visité de très belles villes. Pour cela, oui, c’est un grand livre, car il vous transport littéralement ailleurs. Vous avez froid et faim, vous avez peur, vous avez envie de vomir. C’est un roman qui ne laisse pas indifférent et pourtant…

Je n’ai pas aimé la longueur de certains passages (sur les différentes langues existantes, bien que cela puisse être intéressant). Je n’ai pas aimé les relations perverses et particulièrement la jouissance du narrateur (de l’auteur?) à les raconter. Je ne conçois pas qu’on puisse prendre du plaisir à lire 50 pages sur un homme qui se masturbe dans une maison vide, chie partout et perd momentanément la raison dans un délire pédo-psycho-homo-masturbatoire. Ça fait un peu beaucoup quand même !

Bref 

J’avais assez hâte de le finir merci ! J’ai réussi à le lire du début à la fin, grâce à son côté historique et la description de cette époque, mais bon sang que j’étais heureuse de le fermer !

Ru

152 pages - 19.95$

In English here 

Prix littéraire du Gouverneur Général, catégorie romans et nouvelles
Prix du Grand public au Salon du livre de Montréal, catégorie essais et livres pratiques
Grand Prix RTL-Lire 2010

Pourquoi ce livre

Pour sa couverture ! Pour la poésie qu’il dégageait avant même de l’avoir ouvert. Pour l’originalité de la forme du récit… qui, il faut le dire m’a incité à l’acheter, car je me disais… après tout, même s’il n’est pas terrible, il se lira vite!

Résumé 

Ru est composé de très courts récits liés un peu comme dans une ritournelle : la première phrase du chapitre reprend le plus souvent l’idée qui terminait le chapitre précédent, permettant ainsi de faire le pont entre tous les événements que la narratrice a connus : sa naissance au Vietnam pendant la guerre, la fuite avec les boat people, son accueil dans une petite ville du Québec, ses études, ses liens familiaux, son enfant autiste, etc. 

La vie de l’auteure est bourrée de gens charmants, singuliers, de situations difficiles ou saugrenues vécues avec un bonheur égal, et elle sait jouer à merveille avec les sentiments du lecteur, oscillant entre le tragique et le comique, entre le prosaïque et le spirituel. 

Écrit sur un ton féminin, maternel, chaleureux, poignant et très original, qui dépasse la tranche de vie traditionnelle, RU dénote un grand talent dans l’art de raconter, où le souvenir devient prétexte tantôt au jeu, tantôt au recueillement. Un récit d’une adorable et candide survivante, un récit qui contient toute la grandeur de la vie.

Ce que j’en pense 

C’est l’histoire de Kim, une Boat People, arrivée jeune au Canada et qui construit son identité, mélange de son Vietnam natal et de sa terre d’accueil. Elle nous livre une série d’anecdotes sur elle, sa famille ou ses connaissances, et à travers ses anecdotes on comprend ce qu’était la vie au Vietnam après le départ des occidentaux et ce qu’est la vie des réfugiés.

J’ai beaucoup aimé. Il se lit très vite (une journée à peine). En fait il se dévore. J’ai aimé le style poétique et plein de retenue de l’auteure, malgré les horreurs parfois contées. Jamais négative, même si elle est parfois nostalgique, l’auteure ne donne pas de leçon de moral, mais présente sa réalité avec bien souvent humour et bienveillance. Même le style du livre est original : chaque anecdote, histoire ou idée commence sur une nouvelle page, même si la précédente ne fait que dix lignes. Ce livre est la preuve que l’on peut raconter la noirceur de ce monde et de la vie sans tomber dans le misérabilisme. La preuve que la vie n’est pas jolie, mais qu’on peut la raconter joliment. 

Bref

Un livre à offrir ou à s'offrir et qui charmera les âmes les plus tristes, parce qu'à la fin du livre, elles sauront que la vie est belle... malgré tout.