La souffrance des autres (The Torment of Others)

de Val McDermid
Tony Hill & Carol Jordan #4
Roman policier
J'ai lu - 2011
15.95 $
La souffrance des autres (titre en français)

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Pourquoi ce livre

Ou plutôt pourquoi cet auteur? C'est en suivant Mark Billingham sur Twitter que j'ai connu Val McDermid avec qui il tweet régulièrement et qui m'a paru sympathique. Je me suis ensuite rendu compte que j'avais déjà un livre d'elle, acheté dans une vente d'occasion.

Résumé

Carol Jordan, traumatisée par un viol, doit diriger une nouvelle brigade d'élite où chacun met en doute ses capacités. Sa première enquête la conduit à traquer un violeur, pour qui rien n'est plus exquis que la souffrance des autres... L'aide du profileur Tony Hill - qui fait tout pour la remettre sur pieds - lui sera indispensable pour démêler une intrigue faite de meurtres et de manipulation mentale.

Ce que j'en pense

Âmes sensibles s'abstenir ! On est pris dès le départ dans l'après-viol de Carol et ses conséquences psychologiques, mais aussi sur son travail. C'est très bien écrit, les émotions sont très réalistes - trop peut-être pour certaines personnes. En ce qui me concerne, j'ai apprécié la justesse de ton et même si certains passages sont difficiles, ils n'en sont que plus intéressants, car ils nous mettent dans la peau des protagonistes. On ressent les peurs de Carol, le malaise des autres flics vis-à-vis d'elle ou la culpabilité de Tony. Les relations sont bien dessinées, les différents personnages - même les moins utiles - sont assez bien décrits pour que l'on puisse se faire une idée de l'ambiance qu'il règne et du caractère des individus formant l'équipe.

L'histoire ou plutôt les histoires, puisqu'on suit deux enquêtes sont également bien menées. Les deux enquêtes touchent des sujets très sensibles encore une fois, puisqu'il s'agit d'enfants pour l'une et de meurtres à caractère sexuel pour l'autre. On plonge dans l'horreur de ces enquêtes et dans la frustration vécue par les policiers qui ne trouvent pas de piste assez rapidement à leur goût. À ce propos, le cheminement de l'enquête est également un point fort, la méthodologie et les procédures sont très bien expliquées. Il n'y a pas de lapin sorti du chapeau, les résultats sont trouvés grâce à un travail méthodique, même si parfois les recherches sont effectuées suite au raisonnement de Tony.

Le suspense monte d'un cran régulièrement et a fini par me stresser réellement. Ceci est dû au fait que l'on ressent beaucoup d'empathie - grâce au talent de McDermid pour nous faire ressentir les émotions des personnages - autant pour Carol qui se retrouve dans une situation qu'elle connait trop bien que pour un personnage du livre dont la vie est en jeu. J'ai passé quelques nuits très courtes, parce que j'essayais de lire le plus possible de pages, d'avancer le plus possible dans l'enquête et il faut le dire, de finir le livre le plus vite possible pour en connaître le dénouement. Fermer ce livre avant la fin - ce qu'il a fallu que je fasse pour cause de travail le lendemain, argh ! - c'est un peu comme mettre un film à suspense sur pause au moment où le protagoniste ouvre une porte et hurle lorsqu'il découvre... (oui, voilà, c'est pénible hein ?)

Bref

Ce livre peut créer un certain malaise, certes, mais il n'en demeure pas moins un livre très fort, qui se lit très vite. Le suspense est dense, vous aurez du mal lâcher ce livre ! Personnellement, je l'ai beaucoup apprécié et je lirai sans aucun doute d'autres livres de cette auteure. 

Gataca

de Franck Thilliez
Thriller
Pocket - 2012
606 pages - 14.95 $

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Pourquoi ce livre

Déjà, parce que je l'avais acheté en même temps que Le syndrome [E], mais je dois dire que si je ne l'avais pas pris cette fois-là, au salon du livre de Québec, je me serais dépêchée de me le fournir vu la fin en suspens du 1er tome.

Résumé 

Une jeune scientifique spécialiste de l'évolution des espèces retrouvée morte, attaquée par un primate. Onze hommes derrière les barreaux. Leurs points communs : tous ont commis des crimes barbares et tous sont... gauchers. Enfin, la découverte d'une famille de Néandertaliens assassinés par un Cro-Magnon. Quel est le rapport entre ces affaires et des crimes éloignés de 30 000 ans ? La clé est dans ces quelques lettres : GATACA

Ce que j'en pense


J'ai préféré ce tome au précédent et de loin. Déjà, parce que j'ai appris pas mal de chose sur la génétique - merci à la recherche poussée faite par l'auteur et son véritable talent de vulgarisateur qui se confirme ici - mais aussi parce que j'ai aimé retrouver Lucie et Sharko et enfin, parce que le rythme n'a pas ralenti, et ça j'aime !

On retrouve avec plaisir Lucie et Franck qui réussissent une fois encore à tirer leurs forces de leurs faiblesses et de leur rage de mener à bout leur enquête. Je suis très étonnée par la justesse du portrait de Lucie, sachant que l'auteur est un homme. Certaines des questions que se posent Lucie me semblent très justes et proches de moi. L'auteur a visiblement une bonne connaissance du psychisme féminin ! Quant à Franck, j'étais désolée de le voir dans un état encore plus pitoyable que dans Le syndrome [E] (si, si, c'est possible!) et sa rédemption passera par l'aide qu'il apporte à Lucie. Bref, des personnages très réalistes et bien écrits. 

Autre point fort du roman, la lutte acharnée d'un flic pour descendre Franck. Honnêtement, il y a eu un moment ou deux où j'ai vraiment eu le goût de lui servir une soupe de phalanges! Les rapports entre les personnages sont si bien écrits que quand ce flic s'en prend pernicieusement à Franck, on y croit, on y est et on n'est pas content!

En ce qui concerne l'histoire, j'ai adoré! Ce que j'apprécie dans un bon thriller, c'est que l'explication soit plausible, crédible et intelligible. Ici, les trois qualités sont présentes. Thilliez nous explique la génétique de façon claire et compréhensible et les faits sont avérés. C'est donc - à mon sens - un gage de qualité. Et puis, encore une fois, on voyage, cette fois au Brésil. Et là, une remarque m'est venue : il semble que l'auteur ne soit pas très branché chaleur ! Que ce soit en Egypte pour le précédent tome ou au Brésil ici, sa description douloureuse de la chaleur me donne à penser qu'il préfère les températures plus clémentes. 


Le rythme de ce roman est soutenu, c'est une course pour retrouver un groupe d'individus d'une violence disparue depuis Cro-magnon ainsi que le cerveau derrière tout cela. Chaque piste mène à une (mauvaise) surprise et les entraîne encore plus loin, nous entraînant avec eux dans une enquête aussi dangereuse que scientifique. 


Un extrait


Bellanger tendit sa main ouverte. Avec un soupir, le commissaire sortit sa carte de police et son arme de service, et les lui plaqua dans la paume. Ce geste lui arracha le cœur. Il regarda son chef sans parvenir à cacher sa tristesse.
- Ce métier, c'était tout ce qu'il me restait. Dis-toi bien que tu viens d'enterrer un homme aujourd'hui.
Sur ces mots, il s'éloigna dans le parc, sans jamais se retourner.


Bref

Un livre que j'ai lu encore plus vite que le premier, que j'ai encore plus apprécié et que je recommande sans hésitation. Avec Gataca, vous ne regarderez plus les gauchers de la même façon...

Le syndrome [E]



de Franck Thilliez
Thriller
Pocket - 2012
510 pages - 14,50 $

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Pourquoi ce livre

Une amie m'avait donné La chambre des morts l'année dernière que j'avais aimé. En passant devant le rayon Pocket du salon du livre de Québec cette année, j'ai entendu mon nom : les livres de Franck Thilliez m'appelaient « achètent-nous... » disaient-ils. J'en ai donc pris trois avec moi (oui… tout bon lecteur a déjà entendu l'appel du livre, pas vrai ?)

Résumé

Un film mystérieux et malsain qui rend aveugle... Voilà de quoi gâcher les vacances de Lucie Henebelle, lieutenant de police à Lille.
Cinq cadavres retrouvés atrocement mutilés... Il n'en fallait pas plus à la Criminelle pour rappeler le commissaire Franck Sharko, en congé forcé.
Deux pistes pour une seule et même affaire qui va réunir Henebelle et Sharko.
Des bidonvilles du Caire aux orphelinats du Canada, les deux nouveaux coéquipiers vont mettre le doigt sur un mal inconnu, d'une réalité effrayante. Ceux qui ne connaissent pas le syndrome [E], ne savent pas de quoi ils sont capables...

Ce que j'en pense


Un livre qui se lit très vite (moins d'une semaine pour ma part). J'ai été prise par son rythme soutenu, en partie dû – à mon sens – par l’alternance des chapitres entre les personnages principaux (Lucie et Franck). J’apprécie cette forme de récit qui rend un livre plus dynamique. C’est un peu comme regarder un film, certains apprécient de voir le même personnage du début à la fin, d’autres (comme moi) apprécient d’en voir plusieurs. 

Le récit en lui-même ne m’a pas étonnée, par contre j’ai apprécié les détails techniques – oui, une fois n’est pas coutume, ils peuvent me plaire – particulièrement concernant les films et l’histoire du Québec. On voit là un bon travail de recherche de la part de l'auteur, ce qui rend son livre très réaliste. Là encore, je ne me suis pas sentie noyée sous la masse des informations, ce qui est très bien, puisque quand je lis un thriller, c'est l'histoire qui m'intéresse et les interactions. Il faut reconnaître à Franck Thilliez son talent de vulgarisateur, qui lui permet d'introduire des notions complexes dans ses romans tout en les rendant faciles à comprendre et d'établir une base solide de réflexions ou du moins de nous donner le sentiment d'être inclus dans l'enquête. 

J'ai relevé une répétition que j'ai trouvée sympa et peut-être faite exprès. Page 62, l'anthropologue judiciaire doit donner des explications à Sharko et demande « On se la fait comment ? Simple ou compliquée ? » Et page 76, c'est le restaurateur de film qui demande à Lucie « On se la fait comment ? Simple ou compliquée ? » Était-ce une façon déguisée de nous indiquer le destin commun de ces deux-là ? Seul l'auteur pourrait le dire...

Les conspirationnistes seront ravis de la tournure du thriller. En ce qui me concerne, c’est le point noir du roman, le moment où je me suis dit « rôoo… trop facile, il aurait pu trouver mieux, c’est du déjà-vu » et c’est dommage, parce que l’histoire aurait pu être exceptionnelle. Mis à part cela, je me suis attachée aux personnages de Franck et Lucie, deux écorchés vifs, dont un schizophrène – ce qui est peu commun chez les flics me direz-vous.

J’ai apprécié la part d’ombre de Franck et la lutte que Lucie doit mener dans le choix qu’elle doit faire entre ses filles et son travail. Même si la lutte est perdue d’avance pour ses filles, car on sent son besoin viscéral de traquer la bête – ou l’assassin en l’occurrence. Je regardais la série The Killing et Lucie me fait penser à cette flic, Sarah Linden, complètement obsédée par sa traque au point de négliger son fils et sa vie. Quant à Franck, son côté foldingue est une nouveauté dans mon cas, plutôt habituée aux flics sans faille – mis à part l’alcool, les femmes ou le jeu bien sûr ! J’ai donc particulièrement apprécié son personnage.

L’épilogue est prévisible, on sent qu’il va se passer quelque chose, mon cœur de mère a eu les mêmes inquiétudes que Lucie et ce qui devait arriver arriva, c’était sûr… et pourtant, je me suis dit « MAIS IL NE PEUT PAS FINIR COMME ÇA ! ».

Si, il le peut et l’a fait. Heureusement ! J'avais acheté la suite (Gattaca) en même temps. Faites attention ! Achetez la suite avant de finir ce tome...

Bref

Un livre qu’on dévore, au rythme soutenu et qui se lit facilement grâce, il faut le dire, à la fluidité du texte.