Le dernier Lapon

d'Olivier Truc
Points - 15 octobre 2013
452 pages - 16.95 $



Demain, à Kautokeino, en Laponie centrale, le soleil, disparu depuis quarante jours, va renaître entre 11 h 14 et 11 h 41. Demain, Klemet va redevenir un homme avec une ombre. Demain, le centre culturel compte exposer un tambour de chaman légué par un compagnon de Paul-Émile Victor. Mais dans la nuit, le tambour est volé et un meurtre est commis. Klemet et sa coéquipière Nina, patrouilleurs à la police des rennes, se lancent dans une enquête déroutante à travers la toundra glaciale.

Pourquoi le lire

Pour l'ambiance, glaciale à souhait, les Samis, peuple inconnu en ce qui me concerne, mais Ô combien intéressant, pour les paysages, immenses et sauvages, pour l'amour de la lumière et du jour si rares l'hiver en Laponie, mais si désirés et désirables. Olivier Truc sait comment rendre un lieu méconnu vivant, proche et familier. C'est sa force, mais parfois, cette force ne plaît pas... Chéri, qui tentait pour la première fois un polar, a dit après avoir lu une page "dis donc tout ça d'écriture pour une seule phrase de dialogue ! T'as pas un truc qui bouge plus ?" Parce que non, ça ne bouge pas trop dans ce roman, même si les deux policiers n'arrêtent jamais d'enquêter, mais les distances à parcourir et le temps glacial n'aident pas, il faut le dire, et tout prend plus de temps dans ce contexte si particulier, ce qui rend ce livre très réaliste au final.

Parlons personnages. Klemet et Nina, les deux sympathiques personnages principaux, de la police des rennes, sont très différents, puisque Klemet, à la limite de la retraite, est Sami, alors que Nina est une flic tout juste sortie d'école et d'une région plus au sud où les problèmes liés aux autochtones sont inconnus. Le choc culturel est donc présent entre ces deux-là, même s'ils arrivent finalement à se rejoindre grâce à leur volonté de démasquer le tueur. Dans les autres personnages, nous avons également un flic raciste à la limite de la caricature, un méchant et particulièrement grossier personnage, un vieux sans scrupules et quelques anciens Samis bien plus attachants. Malgré quelques irritants (le vilain était parfois, et surtout vers la fin, inutilement vulgaire, comme si l'auteur voulait, par le langage utilisé, nous faire comprendre que cet homme est bien le méchant de l'histoire. Procédé somme toute très inutile et légèrement irritant en ce qui me concerne), les personnages servent très bien à nous faire comprendre la réalité samie, les difficultés de cohabitation entre les différentes cultures et la fragilité de certaines traditions qui se perdent.

J'ai apprécié découvrir la culture samie que je ne connaissais absolument pas (étonnant, non ?), j'ai également apprécié la plongée dans les paysages grandioses de la Laponie, j'ai moins apprécié le froid mordant si bien rendu (mais c'est sans doute dû au fait que l'hiver québécois est trop semblable...) À noter aussi l'histoire de la ruée vers les minerais, très intéressante. J'ai moins apprécié la conclusion de l'enquête, un peu rapide par rapport au rythme plus lent du livre. Il n'en reste pas moins que Le dernier lapon est une mine d'informations aussi bien sur la culture, la géologie et l'histoire de la Laponie. Rien que cela, il vaut le détour !

Bref

Les récits descriptifs ne sont pas ma tasse de thé, mais je sais que ce livre plaira aux amateurs de polar ethnologique, car c'est la force d'Olivier Truc : être capable de nous faire vivre en Laponie durant les 452 pages. C'est un 3.5/5 pour moi.

The Fixer

A Justice Novel
de T. E. Woods
Alibi (Feb. 4 2014)
312 pages - 2.99 $ (Kindle)

Jamais un doute. Jamais d'erreur. Toujours pour la justice. Jamais par revanche. Elle est la personne que vous recrutez quand vous voulez arranger une situation - de façon permanente. Avec des critères de sélection strictes, elle évalue chaque demande et n'en choisit qu'un peu. Pas plus d'un travail par pays, par année. Elle ne travaille que lorsqu'il est clair que la justice ne sera pas rendue d'une autre façon. Son travail est fait avec talent et précision, et ne déclenche jamais d'enquête policière. The Fixer est invisible - et assez mortelle...

Dans le bureau d'une psychologue à Olympia, Washington, une belle jeune femme est en proie à une terrible douleur émotionnelle. Elle s'entoure de murs, ment et semble parler par énigmes, mais la docteure est déterminée à l'aider à guérir, malgré le fait qu'elle clame avoir blessé beaucoup de gens. Au fur et à mesure des sessions, la psychologue ressent le besoin de faire appel à la police... mais il pourrait être trop tard. 

À Seattle, un détective reçoit un appel de son fils. Journaliste dédié, il a besoin de l'expertise de son père sur une mort suspecte. Ensemble, ils suivent la trace d'indices menant à un tueur à gage de sang-froid - pour finalement découvrir que la mort est plus proche qu'ils ne le pensaient. 

Pourquoi le lire ?

Ça faisait longtemps que je n'avais pas été complètement bluffée par un livre et ce fut le cas pour The Fixer. À la moitié du roman, j'ai vécu un véritable retournement de situation. Peut-être que d'autres lecteurs - en particulier celles et ceux qui se creusent les méninges pour découvrir les indices et tenter de percer le mystère par eux-mêmes - ne seront pas aussi surpris que moi. Mais pour les lecteurs dans mon genre - le genre qui aime se laisser surprendre - c'est du pur bonheur ! 

En lisant le synopsis du livre, j'étais curieuse de voir de quelle façon la tueuse allait être écrite. Est-ce qu'elle serait très trop masculine ou trop agressive, comme on peut le voir dans un bonne partie des livres ou films où le tueur est une femme... Et bien pas du tout. T. E. Woods réussit à rendre The Fixer très efficace, mortellement efficace, sans en faire un monstre. Au contraire, on se surprend à se ranger du côté de "sa justice", comme le font certains flics du livre d'ailleurs. Ce qu'il y a de bien, c'est qu'on apprécie autant la criminelle que les policiers qui la traquent et particulièrement Mort Grant, le détective. On découvre les aspects techniques utilisés par la police, leur manière d'enquêter et encore une fois, c'est l'efficacité qui ressort. Pas de caricatures dans ce roman, pas de personnages exagérés, mais des personnages réalistes aux motifs réalistes. 

Quant au déroulement de l'histoire, là aussi rien à redire sur la précision et le réalisme de l'enquête. L'étau se ressert autour de la tueuse, tout comme le lien entre elle et la police. On veut savoir comment elle fera pour s'en sortir et ce que fera Mort à son sujet. On se dit que, certes, ce n'est pas bien de tuer du monde... il faudrait qu'elle arrête, mais en même temps on n'a pas envie qu'elle aille en prison pour avoir libéré le monde de parfaits criminels qui ont su jouer avec la justice pour s'en sortir. À un moment tout semble bien aller, puis tout bascule... puis tout bascule... Jusqu'à la fin du livre où, franchement, on a le goût de verser une petite larme... puis tout bascule !

Bref

Un très bon livre, premier d'une série. Des personnages intelligemment écrits, réalistes. Une série de retournements, histoire de vous tenir en haleine ! C'est un 4/5 pour moi !

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J'ai reçu ce livre de la part de Random House Publishing Group - Alibi, sur NetGalley, pour en faire une critique honnête.