Glacé de Bernard Minier

Roman policier
Pocket juin 2012
736 pages - 14,95 $



Glacé est le premier roman de cet ancien administrateur des douanes. Roman largement salué par la presse à sa sortie en France en 2011. Il a sorti un deuxième livre Le cercle en 2012 qui reprend le même personnage, Servaz, flic lettré et sensible. 



Mais quelle est l'histoire ?


Décembre 2008, dans une vallée encaissée des Pyrénées. Au petit matin, les ouvriers d'une centrale hydroélectrique découvrent le cadavre d'un cheval sans tête, accroché à la falaise glacée.

Le même jour, une jeune psychologue prend son premier poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée.

Le commandant Servaz, 40 ans, flic hypocondriaque et intuitif, se voit confier cette enquête, la plus étrange de toute sa carrière. Pourquoi avoir tué ce cheval à 2 000 mètres d'altitude ? Serait-ce, pour Servaz, le début du cauchemar ?

Une atmosphère oppressante, une intrigue tendue à l'extrême, une plongée implacable dans nos peurs les plus secrètes, ce premier roman est une révélation !

Pourquoi le lire ?

L'atmosphère est effectivement oppressante. Il fait froid, tout est blanc ou gris ou moche. Les suspects incluent des prisonniers enfermés dans un asile pour tueurs particulièrement horribles. Il y a beaucoup de gens bizarres. Cela créé une impression glauque et assez morbide il faut le dire. En ce qui me concerne, c'était même trop. À chaque fois qu'un personnage emprunte la route vers l'asile ou le lieu du premier crime, on a le droit à son ressenti - sinistre bien sûr - sur la nature environnante, la route et le sentiment de malaise, voire de peur, qui les étreint. Alors, certes, cela aide à faire ressentir la sensation de malaise. Pourtant, pour vivre au Québec (qui, je le rappelle, n'est pas un pays, mais un hiver !), je rencontre principalement des gens qui aiment leur pays en hiver et trouvent les paysages enneigés beaux. Il me semble que cela aurait été plus réaliste d'inclure des gens un peu positif non ?

L'histoire est bien ficelée. Il y a même eu un retournement de situation vers la fin qui m'a bluffée. L'enquête est résolue de façon réaliste, l'explication se tient et on a même le droit à la fuite d'un personnage qui laisse présager une suite possible sans que l'on soit frustré par un suspens de fou. Le seul souci, c'est que le livre fait 736 pages. C'est beaucoup pour un polar et il est très difficile de garder un rythme soutenu aussi longtemps. alors pour combler les pages, il est plus facile de faire dans la description (de sentiments, de paysages, de gestes anodins...) C'est là où en ce qui me concerne, l'auteur me perd et que je commence à sauter des passages pour arriver plus vite aux dialogues ou à l'action. Maintenant, je sais que certains lecteurs apprécient de prendre leur temps dans une histoire, qu'ils apprécient de prendre la pleine mesure de l'ambiance et du décor. Alors, ami lecteur, si c'est ton cas, ce livre est fait pour toi. 

Et qu'en est-il des personnages ? Servaz le flic lettré et sensible est un peu trop sensible à mon goût, il a peur de tellement de choses que c'est un miracle qu'il soit flic ! Quant à sa façon de réciter du Latin à tout va, je dois dire que c'est du déjà-vu et un peu trop cliché à mon goût. Il faut dire qu'il y a quand même plusieurs clichés dans les personnages, mais cela ne gâche pas le récit. Mais quand même, Servaz est un flic intelligent qui mène de bonnes déductions et son équipe de flic geek est assez attachante. C'est donc un personnage que l'on appréciera de suivre. 


Un extrait avec ça ?

LES PYRÉNÉES. DIANE BERG les vit se dresser devant elle au moment où elle franchissait une colline.
Une barrière blanche encore distante étirée sur toute la largeur de l'horizon : la houle des collines venait se briser dessus. Un rapace décrivait des cercles dans le ciel.
Neuf heures du matin, le 10 décembre.
À en croire la carte routière sur le tableau de bord, elle devait emprunter la prochaine sortie et prendre la direction du sud, vers l'Espagne. Elle n'avait ni GPS ni ordinateur de bord dans sa vieille Lancia hors d'âge. Elle aperçut un panneau au-dessus de l'autoroute : «Sortie n° 17, Montréjeau/Espagne, 1 000 m».

Diane avait passé la nuit à Toulouse. Un hôtel économique, une chambre minuscule avec une salle d'eau en plastique moulé et une minitélé. Dans la nuit, une série de hurlements l'avait réveillée. Le coeur battant, elle s'était assise à la tête du lit, aux aguets - mais l'hôtel était demeuré parfaitement silencieux et elle avait d'abord cru qu'elle avait rêvé, jusqu'à ce que les hurlements reprennent de plus belle. Son estomac s'était retourné, puis elle avait compris que des chats se battaient sous sa fenêtre. Elle avait eu du mal à se rendormir après ça. La veille encore, elle était à Genève et elle arrosait son départ en compagnie de collègues et d'amis. Elle avait contemplé le décor de sa chambre à la faculté en se demandant à quoi ressemblerait la prochaine.

Sur le parking de l'hôtel, tandis qu'elle déverrouillait sa Lancia au milieu de la neige fondue qui descendait sur les carrosseries, elle avait brusquement réalisé qu'elle laissait derrière elle sa jeunesse. Elle le savait : dans une semaine ou deux elle aurait oublié sa vie d'avant. Et d'ici quelques mois, elle aurait changé en profondeur. Étant donné l'endroit qui allait constituer le décor de son existence pour les douze mois à venir, il ne pouvait en être autrement. «Reste toi-même», lui avait conseillé son père. En quittant la petite aire pour s'élancer sur l'autoroute déjà encombrée, elle se demanda si ces changements seraient positifs. Quelqu'un a dit que certaines adaptations sont des amputations, elle pouvait juste espérer que ce ne serait pas le cas pour elle. - Ce texte fait référence à l'édition Broché.

Bref

Un premier roman bien ficelé, une histoire et une ambiance glauque à souhait, un récit un tantinet longuet, c'est un 3/5 pour moi.

Avertissement : Un e-galley de ce titre m'a été fourni par l'éditeur. Aucune critique n'a été promise et la chronique ci-dessus est une critique non biaisée du roman.

The Second Deadly Sin by Åsa Larsson - sortie le 12 août 2014

Quercus Books (US) - MacLehose Press
352 pages - 26.99 $



Pas encore de sortie prévue en français... mais affaire à suivre ! Encore un auteur scandinave (suédois pour être précise). C'est décidément très tendance, mais je ne voulais pas rester sur un arrière-goût de déception suite à ma lecture de L'Hypnotiseur de Lars Kepler. Alors, me voici, tentant encore une nouvelle auteure suédoise dont le nom apparaît régulièrement sur les réseaux.


Mais quelle est l'histoire ?

Dans une forêt du nord de la Suède, un ours fait des ravages et doit être abattu. En examinant le corps de la bête, on découvert des os humains dans son estomac. Près de Kiruna, une femme est retrouvée morte dans son lit, son corps ayant subi une vraie barbarie, le mot PUTAIN écrit sur le mur. Son petit-fils, Marcus, qui a déjà perdu son père, a disparu. Rebecka Martinsson cherche des indices et creuse dans l'histoire tragique de la famille. Mais à cause de certains doutes qui subsistent sur sa santé mentale, elle est écartée de l'enquête par un jeune procureur ambitieux et arrogant. Martinsson finit quand même par se retrouver au cœur de l'action et son courage légendaire est testé une fois de plus. 

Pourquoi lire ce livre

Larsson sait très bien nous faire ressentir les émotions vécues par ses personnages... chiens compris. Et rien que pour ça, elle m'a bluffée. Je pense en particulier à une scène où le chiot de Martinsson court dans la maison dans tous les sens en attendant de sortir, c'est une scène que l'on peut juger inutile, puisqu'elle n'apporte rien à l'intrigue, mais elle apporte beaucoup à l'ambiance ! Il y a aussi la façon dont Maja dresse le portrait de von Post, un pur moment de bonheur (tiens, dans tes dents von Post !) Ou encore, la journée passée en compagnie de Martisson dans sa maison, à boire de la gnôle maison et à faire des saunas, tout en enquêtant, en compagnie Pohjanen (et on en profite pour en apprendre plus sur la culture suédoise). On se prend ainsi à se sentir bien en présence de Martisson, à vouloir faire un tour chez elle pour mieux la connaître. Cela créer un sentiment de familiarité avec les personnages et c'est très appréciable. 

L'intrigue suit deux histoires qui, comme bien souvent, se rejoigne, l'une expliquant l'autre. Cela a déjà été fait, certes, mais quand c'est bien fait, comme c'est le cas ici, c'est agréable. Une histoire se déroule début du XXe siècle, alors que l'autre est actuelle. Au final, c'est l'histoire d'une famille que l'on peut juger maudite tant les malheurs s'abattent sur elle, une famille maudite par l'avarice.

Mis à part les personnages, très humains et attachants, l'intrigue, menée sur deux histoires, Larsson parsème son histoire de magouilles politiques, de coup-bas et de lâcheté. La réussite de Martinsson ne plaît pas à tout le monde et Von Post, procureur détestable à souhait, fera tout pour la contrer. Il y a quelques références au passé, notamment en ce qui concerne le passé psychologique de Martinsson dont se sert von Post, mais ne pas avoir lu les autres livres n'empêche pas de comprendre à quel point cet homme est un minable.

Bref

Une belle écriture, des personnages hyper attachants, une intrigue bien menée, une ambiance sombre, froide et triste, mais pleine d'espoir. C'est un 4.5/5 pour moi.

Avertissement : Un e-galley de ce titre m'a été fourni par l'éditeur. Aucune critique n'a été promise et la chronique ci-dessus est une critique non biaisée du roman.

Mission à Haut-Brion de Jean-Pierre Alaux et Noël Balen

Le sang de la vigne T.01
FAYARD (ÉDITIONS) (Feb. 20 2004)
195 pages - 29.95 $


L'éditeur Le French Book s'est donné comme mission de faire paraître en anglais les livres français qu'ils ont appréciés. C'est donc encore une fois en anglais que j'ai découvert des auteurs français. Comme je suis de plus en plus friande de romans français, car leur qualité indéniable ne fait que confirmer l'essor de la littérature policière française dans le monde, j'ai décidé de tenter ma chance avec ce premier tome d'une série dédiée aux plaisirs de la chère et du vin. Sachant que je suis née à Pessac (près de Bordeaux), ce fut donc avec plaisir que j'entamais la découverte d'une région que j'ai quitté avant de la connaître. 

Quelle est l'histoire ?

Il se passe des choses bien étranges dans le chai du domaine des Moniales Haut-Brion. Qui pourrait en vouloir à une propriété aussi discrète paisiblement ancrée dans la banlieue bordelaise ? Autorité incontestée dans le milieu de la vigne et du vin, Benjamin Cooker est l'un des œnologues les plus célèbres du monde. Parfois redouté, toujours respecté, il est souvent consulté, pour apporter ses connaissances et livrer ses appréciations. Avec la complicité de son jeune assistant Virgile Lanssien, il va arpenter le prestigieux terroir des Graves où quelques mystères fermente à l'ombre des grands châteaux.

Pourquoi lire ce livre ?

Ce livre ne se lit pas, il se déguste et se sirote tout en flânant dans les châteaux viticoles ou en admirant l'architecture et la peinture. Ce n'est clairement pas un roman policier comme les autres : il ne se passe pas grand chose... même pas un meurtre ! Ce qui peut être gênant pour qui pensait lire un roman policier classique. Il est vrai qu'à un moment, je me suis dis "mais quand est-ce qu'arrive l'action ?"

Peut-être parce que c'est le premier tome, les auteurs passent du temps à décrire l’environnement de vie de Cooker, les gens qui l'entoure, le décor, ses goûts (pour la peinture et le vin), on participe à l'écriture de son livre (au point d'en lire quelques passages) et on en apprend plus sur l'histoire de la région (ou du pays voulais-je dire !) Ça peut paraître long pour certains, surtout que le livre est court. Cela laisse clairement peu de temps pour l'intrigue, mais cela fait partie du charme de ce roman particulier. 

Il y a la bouffe réconfort... et il y a les livres réconforts et Mission à Haut-Brion en fait partie. Pas de meurtre horrible, de tueur fou, de flic désabusé, mais un mystère qui est bien résolu, une ambiance douillette et une apologie de l'art de vivre, de profiter de la vie, de la bonne bouffe et du bon vin. L'ambiance est très française, ce qui peut charmer, ou non, les non-Français. 

Bref

Un petit livre bien sympathique, à l'ambiance douillette, au mystère simple et bien mené. Pour qui aime profiter des plaisirs de la vie. C'est un 3.5/5 pour moi. 


Avertissement : Un e-galley de ce titre m'a été fourni par l'éditeur. Aucune critique n'a été promise et la chronique ci-dessus est une critique non biaisée du roman.