L'île noire de Marco Polo d'Aline Apostolska

Édito - avril 2015
376 pages



Quand Édito m'a contactée pour découvrir ce roman, j'ai d'abord essayé d'en savoir plus sur Aline Apostolska. J'ai ainsi découvert qu'elle avait déjà écrit beaucoup de livres, avait reçu plusieurs prix et qu'elle débutait dans le polar. Même si les plus réfractaires me diront qu'une bonne auteure littéraire n'est pas forcément une bonne auteure de polar (bon ok, j'avoue ! J'en faisait partie !), j'ai décidé de faire fi des mes appréhensions et de me lancer à la découverte de Joséphine. Et puis, une héroïne qui s'appelle Watston, ça me tentait de voir ce que l'auteure allait en faire !

Et je dois dire que j'ai été très agréablement surprise ! Aline Apostolska réussi à combiner le récit littéraire, historique et mythologique au polar. Les amateurs des romans du genre Da Vinci Code devrait trouver leur bonheur dans ce récit qui parle d'une confrérie qui mélange la religion aux mythes pour mieux berner leurs adeptes et ce, à grandeur du monde entier (même si le rythme n'est pas aussi soutenu). Et il faut dire que toute la partie mythologique est aussi bien amenée que super sympa à lire / découvrir (je ne sais pas pour vous, mais Zeux, Hadès, Aphrodite et toute cette gang de joyeux lurons m'ont toujours fascinés.

On sent à la lecture du roman qu'Aline est issue du monde de la littérature dite blanche, particulièrement dans les parties qui concerne l'histoire, et pourtant, dès qu'il s'agit du récit en lui-même, des événements vécus par les différents personnages, le ton polar est bien présent. Le dénouement est bien mené, la tension augmente au fur et à mesure du récit et quelques rebondissements vous attendent !

J'ai vraiment apprécié d'en apprendre plus (beaucoup en fait) sur l'histoire de Marco Polo, la Croatie (qui a déjà été vénitienne, le saviez-vous ?), les Dieux de la Grèce antique (et il y en a une flopée !). J'ai souvent eu le goût de partir en Croatie, sur l'île de Hvar et même Korčula (oui, oui, même là...), parce que malgré les infamies qui s'y déroulent, l'auteure parvient très bien à nous faire aimer l'architecture de cette région, ces paysages, sa mer, ses bleus et sa nourriture ! Je ne savais pas , avant de lire ce livre, que la Croatie recelait tant de richesses historiques en plus d'avoir des paysages incroyables. C'est une des particularités de L'île noire de Marco Polo : ici, pas de paysage sinistre, sombre et froid, de temps glacial, l'ambiance est plutôt à la détente, sous la chaleur de la méditerranée, ce qui - quelque part - rend les événements encore plus horribles.  

Autre particularité : pas de flic ou privé désabusé, les personnages sont en fait plutôt joyeux (quand ils ne font pas de découverte horrible) (et certes, les personnages ont une légère tendance à être beaux et éduqués) et coulent des jours assez agréables sous le soleil. Je trouve également sympa d'avoir un personnage principal féminin dans la cinquantaine, car si les flics sont souvent d'âge mûr, cela reste rare pour les personnages féminins. Je parie qu'une bonne partie des lectrices pourront se retrouver dans Joséphine, ce qui ne doit pas arriver souvent aux amatrices de polar !

Mais quelle est l'histoire ?

Une aventure de Joséphine Watson-Finn

Joséphine Watson-Finn est archéologue et enseigne à l’Université McGill. La cinquantaine, aussi érudite que sportive, elle parle fort, rit à gorge déployée et n’a pas sa langue dans sa poche. Envoyée en mission en Croatie par l’Unesco, elle va découvrir que des jeunes filles vierges sont chaque année séquestrées et violées par douze hommes lors de cérémonies rituelles. Les nouveau-nés, fruits de ces viols collectifs, sont ensuite enlevés. Personne ne sait ce qu’ils deviennent. Quelle est cette confrérie secrète ? Pourquoi ces viols ont-ils lieu sur l’île de Korčula, où est né Marco Polo ? Que cache ce trafic d’enfants ? Pourquoi ceux qui commettent ces atrocités adorent-ils des divinités païennes ? Et pourquoi la vieille édentée enfermée dans la cave parle-t-elle le grec ancien ?

Joséphine n’est pas au bout de ses surprises.

Bref

Un roman destiné aux amateurs de confrérie obscure, de mythes et légendes, de chaleur méditerranéenne et de bonne bouffe, le tout à la sauce polar. C'est un 4/5 pour moi.


Avertissement : Ce livre m'a été fourni par l'éditeur. Aucune critique n'a été promise et la chronique ci-dessus est une critique non biaisée du roman.

Le projet Morgenstern de David S. Khara

Libre Expression (June 3 2013)
416 pages




David S. Khara signe ici le troisième et dernier volet de cette trilogie autour des projets (Le projet Bleiberg - que j'avais vraiment aimé, Le projet Shiro - pas encore lu - et Le projet Morgenstern). 

On retrouve avec plaisir Eytan, le géant du Mossad, qui cette fois ne vient pas seul, mais avec deux complices qui font partie de sa famille... en quelque sorte... mais je vous laisse le plaisir de découvrir en quoi et pourquoi. C'est d'ailleurs une des parties qui m'a le plus plu dans ce troisième opus : la découverte de l'histoire d'Eytan. N'ayant pas lu le deuxième, je ne sais pas si on en apprenait plus sur lui et son histoire, mais là ! c'est super intéressant et ça le rend encore plus humain (comme quoi on peut être OGM et bon pour l'humain. Mouhaha !) Le livre est divisé en deux parties, comme la première fois, mais si dans Le projet Bleiberg, la découverte de l'Histoire permettait de comprendre l'intrigue, cette fois elle permet de comprendre Eytan et sa rage de rester libre. Car cette fois-ci, c'est Eytan le projet en question. 

Encore une fois, l'auteur nous captive avec une trame historique - toujours très bien documentée - qui non seulement intéressera tous les amateurs d'histoire de la guerre et particulièrement ses dessous moins connus (résistance polonaise, chasse à l'homme, tests médicaux sur juifs, etc.), mais permet également de mieux comprendre le présent. À croire que c'est un sujet d'intérêt pour l'auteur, puisqu'il met en évidence et avec brio, l'adage selon lequel on ne peut connaître son futur sans connaître son passé. Khara nous prouve par ses récits d'aventure à quel point c'est vrai et ça, en soit, c'est déjà balaise. 

En parallèle de l'Histoire, on découvre l'histoire d'Eytan, d'où il vient et comment il est devenu qui il est, et on vit une histoire incroyable, toujours dans un rythme soutenu et sans faille. On ne lit pas ce livre, on le regarde, tel un incroyable film d'action. (C'est d'ailleurs sûrement pour cela que les studios hollywoodiens lui font de l’œil...) Eytan, accompagné de ses deux complices Éli et Avi, retrouve Jérémy et Jacqueline, et se retrouve de chassé à chasseur. Bon certes, le dénouement est un peu facile, mais il ne manque pas de nervosité, de suspense et d'humour, ce qui est toujours agréable dans un thriller. 

Cette fois encore, Khara nous parle d'homme modifié et, grâce à ses recherches poussées, mêle réalité et presque science-fiction. Presque, parce qu'on se demande à quel point ce n'est pas déjà la réalité quelque part... Il est question cette fois de membres et particulièrement de prothèses puissantes qui amènent la quête de l'homme supérieur encore plus loin. 

Mais quelle est l'histoire ? 

« Tuez un héros, il deviendra une légende. Tuez une légende, elle deviendra une inspiration. »

Berlin, 1941. Le chef de la Gestapo Reinhard Heydrich charge son bras droit d'éliminer un enfant au centre du plus important projet du Troisième Reich.

Pologne, 1942. Un groupe de résistants hérite bien malgré lui d'un adolescent évadé du camp de Stutthof. Très vite, le fugitif démontre des qualités de combattant exceptionnelles.

Irak, 2003. Une unité de reconnaissance des Marines, tombée dans une embuscade, est récupérée par l'armée américaine. Pour le meilleur ou pour le pire ?

États-Unis, de nos jours. Jeremy Corbin et Jacqueline Walls mènent une vie tranquille en compagnie de leur fille, dans une petite ville du New Jersey. Mais un jour, tout bascule.

De Londres à Tel Aviv, des campagnes polonaises aux gratte-ciel de Manhattan, un homme se bat pour protéger ses amis de la malédiction qui le poursuit obstinément. Entre complots, luttes de pouvoir et dérives scientifiques passées et actuelles, Eytan Morgenstern s'apprête à livrer son ultime combat.

Bref

Encore une réussite pour David S. Khara qui termine parfaitement sa trilogie. C'est bourré d'action, d'Histoire captivante et de personnages intéressants. C'est à lire et c'est un 4.5/5 pour moi. 

Avertissement : Un e-galley de ce titre m'a été fourni par l'éditeur. Aucune critique n'a été promise et la chronique ci-dessus est une critique non biaisée du roman.

Falling In Love de Donna Leon

Une enquête du Commissaire Guido Brunetti
256 pages
Atlantic Monthly Press (April 7, 2015)




Donna Leon est archi-connue - surtout pour son commissaire Brunetti (et son amour de la bonne bouffe d'ailleurs) - et pourtant, je n'avais rien lu d'elle. Le fait que ses romans se passent en Italie a joué en la faveur du livre lorsqu'est venue le temps de choisir ma prochaine lecture. Un peu de soleil et de chaleur italienne ne pouvaient être que bénéfiques en ces mois d'hiver interminables !

Donna Leon, c'est avant tout le bon goût dans tous les sens du terme ! Le bon goût musical (l'opéra en particulier), historique, architecturale et gastronomique. Lire Falling in Love (qui ne devrait pas tarder à être traduit en français comme tous ses autres livres), c'est se balader dans les rues de Venise, y apercevoir le beau monde, entendre des oeuvres musicales, se réjouir les pupilles et faire frémir ses papilles... Avec ça, c'est déjà tout un voyage !

Pour qui aura déjà lu tout Leon, la bonne surprise sera de retrouver Flavia, la chanteuse d'opéra qui cette fois-ci n'est pas accusée, mais victime. C'est donc un retour dans le milieu - sanguinaire ma foi - de l'opéra, à grand renfort de roses, ce qui n'est pas pour plaire à la cantatrice. Brunetti, sceptique au départ, finira par être convaincu de l'aspect retord et dangereux du monde l'opéra et des fans en particulier. 

Ce roman plaira particulièrement à qui aime les romans policiers d'atmosphère. Ici, pas de grandes violences, pas de scènes difficiles à lire, tout est dans la bonne éducation, le ressenti, les bonnes manières, Venise, la musique et la bonne bouffe. Le mystère sera résolu par Brunetti, grâce à l'aide de ses coéquipiers qui font tout de même une grosse partie du travail et au/à la coupable (mouahah, non vous ne saurez pas!) qui laisse des indices assez importants pour qu'on retrouve sa trace. Vous devriez très facilement - et plus rapidement que Brunetti et ses collègues - résoudre quelques énigmes pour lesquelles ils mettront un temps un peu trop long à mon goût. J'avoue avoir une préférence pour les personnages à l'intelligence vive. 

Mais quelle est l'histoire ?

Des années plus tôt, Brunetti a innocenté Flavia qui est de retour à Venise pour y chanter la Tosca, fameux opéra que Brunetti et sa femme, Paola, vont voir. Flavia y reçoit une ovation debout et un déluge de roses jaunes. Roses qu'elle retrouve également dans sa loge et à la porte de son appartement. Un fan anonyme l'inonde de ces roses dans toutes les villes qu'elle visite, mais Flavia n'est plus du tout flattée, juste terrifiée. 

Invitée par Brunetti à dîner, elle confie sa peur face à ces démonstrations excessives. Quand une jeune  chanteuse vénitienne qui a retenu l'attention de Flavia est sauvagement attaquée, Brunetti commence à penser que la peur de Flavia est justifiée. Il doit pénétrer dans l'esprit d'un fan obsédé avant que Flavia ou quiconque soit blessée.

Bref

Un roman tout en bon goût à l'ambiance bon chic bon genre pour une intrigue relativement facile sans trop de violence. C'est un 3,5/5 pour moi.


Avertissement : Un e-galley de ce titre m'a été fourni par l'éditeur. Aucune critique n'a été promise et la chronique ci-dessus est une critique non biaisée du roman.