Reflex de Maud Mayeras

Pocket (27 avril 2015)
480 pages



J'avoue qu'entre la couverture dérangeante à souhait, le fait que ce soit une auteure encore inconnue pour moi et le sceau d'approbation de Gérard Collard - qui qualifie le livre d'"Exceptionnel. Absolument diabolique." - il ne m'en fallait pas plus pour vouloir lire ce livre ! (Nan, je plaisante, l'histoire en elle-même suffisait !)

J'ai adoré les débuts de chapitre, en particulier ceux d'Iris. Les chapitres alternent entre une histoire qui a commencé des années plus tôt et dans lesquels on suit l'histoire tragique d'une famille pas comme les autres et les chapitres écrits à la première personne qui concerne Iris. Et Iris, elle n'aime pas grand chose, ce qui fait que la très grande majorité de ses chapitres commencent par "Je n'aime pas" et ce qu'elle n'aime pas fait partie de la suite de son histoire et permet d'introduire la suite du chapitre et de l'histoire en général. C'est très bien fait et c'est original. À noter, après une flopée de "je n'aime pas", arrive un "J'aime", aussi surprenant que bienvenu. 

J'ai beaucoup aimé l'écriture de cette auteure qui n'est ni linéaire, ni académique, mais pleine de poésie... sanglante ! Et comme Maud Mayeras sait mieux l'exprimer que moi, voici un aperçu de son talent : 
" Je n'aime pas être réveillée aux aurores. Les appels matinaux sont ceux que je redoute le plus, les victimes de l'aube en se loupent pas, elles sont déterminées. Elles s'exposent à la vue du plus grand nombre, en pleine lumière, dans les parcs, les parkings, les rues vides. Les plus frais choquent les yeux, et ceux qui traînent encore chatouillent les narines de leurs voisins. Le soleil fait courir la puanteur sous les portes et dans les couloirs. Ses rayons font tourner votre petit déjeuner. Le soleil est la pire des rumeurs."
J'ai aimé l'histoire elle-même qui raconte les heures sombres d'un couvent pour jeunes filles supposément perdues - ça m'a fait penser aux "blanchisseries de la Madeleine" d'Irlande - tout en suivant le parcours d'une femme qui a vécu l'horreur de perdre son enfant. Deux histoires familiales tristes à pleurer, noires à faire peur, mais ô combien prenantes. On découvre la vérité au fur et à mesure et avant la fin, mais la fin vous réservera quand même une horrible surprise.

J'aime être surprise par l'identité du coupable et là , j'ai été épatée, dans le style "ouah, trop fort ! C'est donc (nom que je ne donnerais pas) !!!" Pour me rendre compte que oui... mais non ! Et la vérité est encore plus terrible que je le pensais. Ça n'en finit plus d'être sombre, terrible et pourtant on ne peut s'arrêter de lire. On espère un brin d'espoir, on fini par comprendre que les rôles ne sont pas clairement définis, que l'amour peut être tordu, destructeur ou plein de compassion. Vraiment, c'est un livre fort en émotions.

Reflex de Maud Mayeras, un roman très sombre, fort, à l'écriture originale et aux personnages torturés. Attention, ici, les enfants sont victimes de la violence des hommes, ce n'est donc pas pour tout le monde.
Perso, j'ai vraiment aimé cette plongée dans la noirceur des sentiments et les conséquences qu'ils génèrent.

Mais quelle est l'histoire ?

Photographe de l'identité judiciaire, Iris Baudry est discrète, obsessionnelle, déterminée. Disponible nuit et jour, elle shoote en rafales des cadavres pour oublier celui de son fils, sauvagement assassiné onze ans auparavant. 
Mais une nouvelle affaire va la ramener au cœur de son cauchemar : dans la ville maudite où son enfant à disparu, un tueur en série s'est mis à sévir. 
Et sa façon d'écorcher ses victimes en rappelle une autre...
La canicule assèche la ville, détrempe les corps et échauffe les esprits, les monstres se révèlent et le brasier qu'Iris croyait éteint va s'enflammer à nouveau dans l'objectif de son reflex. 

Bref

Un livre coup de poing émotionnel, une histoire bien ficelée, dérangeante et des personnages que l'on aime ou hait au fil des pages. C'est un 4.5/5 pour moi.