Le chasseur de lapins de Lars Kepler

C'est le deuxième livre de ces auteurs que je lis... et par deux fois, parce qu'on me l'a offert ! La première fois, je ne les connaissais pas, j'étais donc heureuse de les découvrir... jusqu'à ce que je les découvre. Je n'avais pas été particulièrement emballée par L'hypnotiseur (lien vers ma chronique ICI), et c'est donc avec appréhension que j'ai commencé celui-ci. Mais, comme les critiques étaient dithyrambiques et que c'est Chéri que me l'a offert... j'ai laissé une seconde chance aux coureurs. 

Et je ne suis toujours pas plus emballée... 

Pourtant, la couverture est intrigante et l'histoire prometteuse : un meurtrier s'attaque aux grosses huiles suédoises selon un calendrier précis et un certain sens de la justice. Alors, pourquoi je n'ai pas accroché avec ce livre ?

Commençons par le rôle des femmes dans ce livre. Nous avons le choix entre la call-girl qui se fait violer et casser la gueule dès le départ pour finir torturer par les services secrets, Saga qui fait partie de la Säpo, hyper belle, intelligente et féroce... et qui brutalise le monde sans trop de raison, envoie valser les meubles quand elle est frustrée et finit par se faire agresser sexuellement de façon très conne en plus, Jeannette, une collègue de Saga, excellente psychologue, qui se fait sauter façon pute dans les chiottes d'une aire de stationnement pour routiers en pleine enquête et finit par se mettre en maladie parce qu'elle est traumatisée de sa réaction, la femme d'un taulard qui veut sauver sa sœur immigrée clandestine des passeurs et finit par se faire agresser, à moitié nue (sa sœur aussi d'ailleurs) en pleine action des commandos (et ça c'est quand même balèze), l'ancienne du gaz, mère des passeurs, qui tricote en pleine opération commando (littéralement en plein milieux (et ça, c'est encore plus balèze !) (ou du grand n'importe quoi, j'hésite...) et finit par se prendre une balle (évidemment...). Ah, si, il y a Valéria, qui accepte de sortir avec Joona parce qu'il est en prison et donc comme elle (qui est aussi passée par la case prison) et qu'elle aime passionnément... jusqu'à ce qu'il se mette a enquêter et donc elle ne veut plus de lui, mais finalement si, mais elle finit aussi avec quelqu'un qui pénètre chez elle et l'observe toute nue devant sa fenêtre (parce que forcément quand t'entends du bruit à 3 heures du mat, ton premier réflexe et de regarder à poil par la fenêtre !). Bref, c'est pas reluisant pour les femmes dans ce livre ! 

Ensuite, parlons de la Säpo. Alors je ne sais pas quelle est leur formation de base, mais je pense qu'ils ont sauté les cours sur le contrôle de soi et la réflexion ! Alors, oui, l'alarme maximum a sonné chez le ministre des affaires étrangères, mais quand, une fois sur place, tu vois une prostituée traumatisée et battue qui te raconte qu'un gars est venue tuer le ministre... pourquoi sauter automatiquement à l'attentat terroriste ? Parce que le gars a lancé un nom à consonance arabe et qu'un gars qui porte ce nom est en prison ? (Bon, il est en prison pour trafic de drogues et n'a aucun lien avec les groupes terroristes connus, mais c'est pas grave, on va trouver une vidéo d'un terroriste qui menace la Suède et péter une coche !) Parce que, honnêtement, si les services secrets réagissent de cette façon en Suède... ils sont chanceux d'être un peuple pacifique, parce que sinon, il y aurait plus de morts à cause de la Säpo que des terroristes ! Leurs réactions et actions sont du grand n'importe quoi ou comment arriver avec plein de gars en véhicule, en hélicoptère et plein d'armes pour finir par presque tous mourir en affrontant une famille avec trois fils dégénérés, leur père et leur mère qui est,  rappelons-le, l'ancienne du gaz qui tricote au milieu des grenades et autres joyeusetés d'une opération commando. 

Un petit mot au sujet de la traduction. Je ne sais pas si c'est parce que les auteurs ne les traduisent pas eux non plus (auquel cas une note du traducteur ou de la traductrice serait bienvenue), mais il y a régulièrement des phrases non traduites dans le texte et c'est pénible. Un exemple quand Joona rentre dans sa cellule :
Quand la porte de la cellule claque derrière lui, il s'approche de la petite fenêtre pourvue de solides barreaux et fixe le mur jaune dehors. 
- Olen väsynyt tähän hotelliin, se dit-il à lui-même, et il pose le sac sur le lit. 
Voilà, voilà... alors pour le coup, il se le dit vraiment à lui-même, parce que ce n'est visiblement pas fait pour qu'on comprenne (même si le mot hoteliin me fait penser qu'il trouve sa chambre pourrie).

Et pour finir, le travers que je n'avais déjà pas aimé dans L'hypnotiseur : l'avalanche de détails ! Ça rend le livre inutilement long et ennuyant et pour un thriller, ça donne l'impression que l'action entrecoupe les descriptions... (même si l'action est particulièrement ridicule - attendez de lire le passage où l'équipe de super commandos hyper entraînés finie décimée de façon complètement grotesque). Bref, les détails ! Mais pourquoi en mettre autant s'ils sont inutiles ? Je ne vois pas l'intérêt de savoir, dans un thriller, que :
L'immense salon-salle à manger aux fenêtres à croisillons donnant sur la baie est meublé de plusieurs canapés et d'armoires qui n'y semblent pas tout à fait à leur place. 
Et là, c'est 2 lignes sur environ 25 pages, juste le temps qu'une huile agresse une prostitué... qui a même le temps, alors qu'attachée et qu'elle commence à avoir une crampe, à se souvenir :
Un souvenir fugace des entraînements de foot lui traverse l'esprit. Elle se rappelle le petit serrement du mollet, annonçant la contraction musculaire, quand elle tentait de retirer les petites mottes de terre et d'herbe agglutinées entre les crampons de ses chaussures.
Les visages rouges et chauds de ses copines. Le plancher bruyant des vestiaires, l'odeur de transpiration, de pommade et de déodorant. 
Bref, vous l'aurez deviné : non, je ne suis pas fan de ce roman ou de ces auteurs ! Et oui, je me dis que j'ai bien raison de me méfier des critiques littéraires qui ne viennent pas des lectrices et lecteurs avertis !


Le serpent aux milles coupures de DOA

J’avoue, rien que le nom de l’auteur m’a donné envie de lire ses livres. Ensuite, les bonnes critiques que j’ai lues à son sujet. Je me suis donc lancée avec ce livre, assez court et ô combien prenant. 

Et pourtant... j’ai failli lâcher le livre à cause des premières pages que je trouvais trop violentes. Pas à cause de l'action en cours (sabotage d'une vigne), mais à cause du dialogue d'un agriculteur bourré, raciste et frustré. Le souci ? Une ferme du village a été achetée par un couple dont le mari est noir. Et ça, ça ne passe pas, mais pas du tout. Alors, certes, on connait tous ces petits villages assez hostiles aux étrangers (et par étrangers on comprend toute personne qui n’est pas du village). Il n'est donc pas étonnant de savoir que certaines personnes du village se liguent contre le nouveau propriétaire pour le faire fuir. Mais, je ne sais pas, savoir que la gang de morons sabote les plans, a mis le feu à une grange et taguée la maison avec des insultes suffit à nous faire comprendre la tension qui existe. Pas besoin de laisser "parler" un des racistes pendant 2 pages à grand coup de "nègre".

Sinon, une fois ces pages terminées, on commence à entrer dans l'histoire... et quelle histoire ! Entre le cartel colombien qui cherche à établir un marché en France avec l'aide des Napolitains, une recherche active d'un gars dangereux et armé (le motard), une famille prise en otage, des flics incapables et des gendarmes pas franchement mieux, c'est pas de tout repos ! Alors certains vont trouver que ça fait beaucoup de coïncidences, tout ce petit monde qui se retrouve au même endroit en même temps, mais je suis bon public : si ça donne de l'action, c'est OK pour moi. 

Les personnages sont très bien écrits et j'aurais aimé en savoir plus sur le motard... il va falloir que je lise, selon l'auteur, le folio 539 ! Parce que là, autant on sait pourquoi les autres étaient dans le coin, mais je ne sais toujours pas pourquoi le motard était là et blessé. Ça laisse un petit goût d'inachevé. La critique du système judiciaire est assez virulente, la police, comme la gendarmerie, ne faisant pas grand chose pour aider la famille persécutée et n'ayant aucune idée de ce qui se trame sous leur yeux et le seul enquêteur à peu près décent n'arrête personne... 

Quant à l'écriture, nerveuse et fluide, elle est hyper réaliste (ce qui rend les scènes de violence difficiles à lire).  

Bref, c'est un livre qui se lit vite et bien. J'y ai retrouvé un peu l'ambiance à la Ludlum : beaucoup d'action et de violence, de la testostérone en masse, des femmes quasi inexistantes (sauf pour se faire tuer ou séquestrer)... pour un polar bien prenant !

Le résumé :

A Moissac, un mystérieux motard en fuite perd connaissance dans un lieu qui sert de base à des mafieux napolitains. Lorsqu'il sort du coma, il se retrouve au beau milieu de négociations entre les gangsters et des trafiquants colombiens. Il tue ces derniers, prend la fuite et se réfugie chez des paysans. Le chef du cartel colombien envoie alors un tueur à gages pour venger la mort de son fils.