The Shining Girls de Lauren Beukes

Mulholland Books - 4 juin 2013


Deuxième roman que je lis de cette auteure et j'ai vraiment préféré ce livre à Broken Monsters dont la fin m'avait un peu déçu, car un peu trop facile. 

Encore une fois, je retrouve le plaisir de l'écriture de Lauren Beukes, fluide et nerveuse à la fois. Cette fois-ci, l'auteure nous promène d'une année à une autre, d'un personnage à un autre, d'une victime à une autre, dans un va et viens ni constant ni évident à suivre, c'est un vrai tourbillon ! 

C'est un roman qui demande que l'on prenne le temps de le lire pour ne pas se perdre. C'est aussi un roman dans lequel le temps, ou devrais-je dire les temps, passe à une vitesse folle. Pas le temps de s'ennuyer, ni de s'attarder, on se fait mener par le bout du nez. 

Ici, un tueur en série qui sévit sur plusieurs décennie sans jamais prendre une ride, car le temps ne passe pas pour lui, il y voyage. Ici, une jeune fille, rescapée du tueur, qui cherche à comprendre pourquoi, qui cherche son meurtrier, qui cherche la vérité, mais elle n'est pas facile à accepter. 

Des personnages intelligemment écrits, des victimes qui ne se contentent pas de mourir, on apprend à les connaître, même légèrement. On découvre des femmes brillantes, dévouées, pleines d'audace et de courage et dont la vie est brisée à cause de ces qualités. 

Une fin un peu floue, qui laisse une sensation d'inachevé, ce n'est peut-être pas le fort de l'auteure ? Mais, somme toute, une histoire prenante, palpitante, à laquelle il faut s'accrocher, certes, mais qui vaut la peine ! 

Mais quelle est l'histoire ?

La fille qui ne voulait pas mourir chasse le tueur qui ne devrait pas exister. 

Harper Curtis est un tueur qui vient du passé. Kirby Mazrachi est la fille qui n'était pas destinée à avoir un futur. 

Kirby est la dernière fille brillante, une de ces jeunes femmes brillantes, pleine de potentiel, dont Harper se destine à prendre les vies après être entré par hasard dans une Maison, à l'époque de la grande dépression de Chicago, qui s'ouvre sur d'autres périodes historiques. 

À la demande de la Maison, Harper s'insinue dans les vies des filles brillantes, attendant le moment parfait pour frapper. Il est le chasseur ultime, s'évanouissant dans une autre époque après chaque meurtre, introuvable jusqu'à ce qu'une de ses victimes survive. 

Déterminée à porter son presque meurtrier devant la justice, Kirby rejoins le Chicago Sun-Times pour travailler avec l'ancien journaliste spécialiste du crime, Dan Velasquez, qui a couvert son cas. Bientôt, Kirby se retrouve proche de l'impossible vérité...

Bref

Bref, un roman qu'il vaut mieux lire d'une traite pour ne pas perdre le fil... des temps. Un tourbillon temporel pour un meurtrier voyageur, c'est un 4/5 pour moi. 



Le bon, la brute et le juge Ti de Frédéric Lenormand

CreateSpace Independent Publishing Platform (6 novembre 2015)
160 pages




Ce livre m'a été offert par une professeure avec qui je travaille, qui, au lieu de m'offrir des chocolats comme à mes collègues (et mes cuisses lui sont éternellement reconnaissantes !), a eu l'excellente idée de m'offrir deux livres du juge Ti. J'avais déjà entendu parler de Frédéric Lenormand et m'étais promis de lire au moins un de ses romans. Ce cadeau était donc un heureux hasard issue d'une merveilleuse idée !

J'ai beaucoup aimé l'écriture très "Jules Verniene" de ce roman dans lequel on sent autant l'amour que la moquerie de l'auteur pour son personnage principal. Lire ce roman m'a fait penser au fameux Tour du monde en 80 jours de Jules Verne par son écriture, légèrement impertinente, toujours drôle, mais jamais méchante, même si certaines vérités sont balancées sous couvert d'humour. 

Pour vous donner une idée de l'écriture super agréable, tout en drôlesse et légèreté, voici un extrait dans lequel Ti vient d'apprendre que son lieutenant, Tao Gan, a la fâcheuse habitude d'emprunter des objets chez les personnes qu'il visite et le soupçonne d'avoir encore volé en sortant de chez un client. 
Ti retrouvera Tao Gan à la sortie et vit que son lieutenant jouait distraitement avec un éventail de jolie facture en bois léger qu'il ne lui avait jamais vu auparavant. Cela devenait contrariant. Où irait-on si les subordonnés cessaient de donner à leurs supérieurs l'exemple de la rigueur morale et de la retenue ?
L'auteur fait également preuve d'autodérision et ne manque pas de se moquer des écrivains. Ainsi, Ti juge que le métier d'écrivain n'est pas un métier très digne.
Après la représentation, Ti félicita l'auteur tout en lui rappelant les limites de son art.
- Pour ma part, je ne voudrais pas que l'on raconte un jour mes travaux dans des œuvres littéraires triviales, affirma-t-il avec fermeté.
Heureusement, ce n'était pas demain la veille qu'un écrivaillon se verrait autorisé à raconter les enquêtes de Ti Jen-tsié. 
Mais est-ce que le livre se contente d'être bien écrit ? Et bien non, c'est la beauté de  la chose. Le juge Ti se retrouve à enquêter plusieurs morts et un chantage odieux, sans parler du fantôme d'un ancien militaire qui lui demande de retrouver son corps. Les différentes affaires semblent être liées, mais en fait non, mais peut-être que oui... Ti va devoir démêler le tout, tout en faisant du ménage dans son personnel qui fait preuve d'une incompétence édifiante ou d'une malhonnêteté très caractérisée. 

Le juge finira bien sûr par administrer un jugement et tout rentrera dans l'ordre. L'histoire est bien mené, les preuves plus ou moins fournies et plus ou moins ésotériques, mais la logique est tout de même bien présente. Il faut savoir que Lenormand a déjà 19 livres de la série à son actif, ce n'est pas rien et c'est aussi une preuve de son talent de narrateur. Parce que franchement, écrire un polar parfois très sanglant qui vous fait sourire, c'est pas donné à tout le monde !

Mais quelle est l'histoire ?

Quel rapport entre l’assassinat d’un héros de guerre découpé en morceaux, les activités suspectes d’un célèbre calligraphe, la mystérieuse disparition d’une collection de jades et les problèmes conjugaux d’un marchand de théières ?

Tandis que tombent les têtes de ses administrés, le juge Ti se demande quel secret cache l’épouse du marchand de théières, la très belle Mme Kouen. Comme si ces meurtres ne suffisaient pas à occuper le mandarin, un fantôme le somme chaque nuit de lui procurer une sépulture décente. Pour démêler les fils de cette intrigue à la subtilité toute chinoise, l’honorable juge est assisté de son fidèle adjoint Tao Gan, indécrottable pickpocket incapable de quitter la maison d’un témoin sans remplir ses manches de petits souvenirs.

Bref

Un roman très agréable à lire, des personnages loufoques, une histoire d'une logique très théorique, un livre pour qui aiment les polars pas trop violents ou les histoires à la Jules Verne. C'est un 4/5 pour moi.