Sur ses gardes de Stéphane Ledien

Les phalanges d'eddy barcot t01
Courte échelle - 1 avril 2015


Aussi incroyable que cela puisse paraître, je viens de me rendre compte que j'ai failli acheter son premier livre Un Parisien au pays des pingouins à sa sortie en 2012 ! Mais, finalement, ce n'était pas un polar, alors, je ne l'ai pas fait (ah bah oui, mais vu le nombre de livre et le peu de temps qu'on a, faut faire des choix ma p'tite dame... ben, c'est choisi : je lis des polars.) Alors forcément, ça me fait doublement plaisir de voir que j'ai quand même eu l'occasion de lire cet auteur ET quand plus, c'est un polar !

Et est-ce que la conversion au polar est réussie pour cet écrivain littéraire et journaliste ? Assurément oui. J'ai beaucoup apprécié la recherche sur le sujet (et là on sent le journaliste qui pointe le bout de sa plume). À partir de faits avérés et d'une histoire on ne peut plus actuelle - bien que ce soit des faits historiques - Ledien nous concocte une histoire prenante et intéressante. Son personnage principal, Eddy, ancien champion de boxe et poseur de bonnes ou mauvaises questions (ça dépend de quel côté vous vous situez, bien sûr...) se retrouve entraîné dans les bas-fonds des cités parisiennes, mais aussi londoniennes et allemandes. 

Le récit est écrit à la première personne - c'est Eddy qui parle - et Eddy, il ne fait pas toujours dans la dentelle
" Je m'abaisse avec agilité et je le cueille d'un uppercut au menton. Ses yeux virent au blanc, il crache l'une de ses incisives pourries et s'effondre au sol. Fais dodo, t'auras pas de lolo, connard !"
Eddy recèle plusieurs talents, il s'y connait sévère en cinéma, surtout les vieux films et il a une excellente connaissance géopolitique, ce qui laisse place à quelques dialogues bien sympas, ma foi. L'avantage, c'est qu'Eddy n'est pas le héro sans peur et sans reproche et qu'il lui arrive de tomber - avant de se relever (et ça, j'aime ! Je déteste les héros imbattables, c'est trop irréaliste !)

L'ambiance du livre est noire à souhait. Ledien dresse un portrait très sombre des cités et ses déviances, de la misère humaine, des groupuscules extrémistes, des gangs de cité. C'est pas très réjouissant, ni très optimiste, mais c'est du concret, c'est factuel et c'est sans doute pour cela que c'est si prenant. C'est toute une fresque sociale que nous offre Ledien et elle touche plusieurs régions du monde.

Quant à l'histoire, elle rappellera de douloureux souvenirs à certains et permettra aux plus jeunes de mieux comprendre le monde actuel. L'histoire se situe en 1999, mais pourrait être écrite au présent, car, malheureusement, l'histoire tend à se répéter et ce vit Eddy, ce que vit le monde au moment du livre est très (trop !) actuel. Eddy cherche à retrouver Jalil et trouve les ennuis. Il découvre tout un monde à part auquel il ne croit pas trop au départ, jusqu'au moment où il lui faut bien se rendre à l'évidence : le monde tel qu'il l'a connu a changé (et là, pour les vieilles croûtes comme moi, on se prend à regretter la période d'avant ce monde fou et où le plus grand danger pour la population, finalement, c'était le sida !)(et oui, ça parait dingue !) Pour les curieux et toujours dans le souci de ne rien raconter du livre pour ne pas vous gâcher la lecture, je dirais quand même qu'il y a une ouverture à la fin du livre. C'est bien amené et cela nous permet de comprendre qu'il y aura une suite. 

Mais quelle est l'histoire ?

Automne 1999, en banlieue parisienne. L'ancien champion de boxe Eddy Barcot exerce sans conviction la profession d'agent de sécurité dans un grand magasin. Un soir, à l'heure où "les ennuis ne font que commencer", sa meilleure amie Malika vient lui demander de l'aide : son frère Jalil a disparu depuis quatre jours. Il est sa seule famille ; Barcot, son seul recours...
Très vite, l'ex-roi des poids moyens se heurte à l'hostilité des jeunes du quartier et au mystère d'un cadavre retrouvé avec les papiers de Jalil. Dans quelle histoire douteuse ce dernier a-t-il été entraîné ?
En dénouant les fils d'une intrigue qui le porte bien au-delà de la cité, Barcot n'a pas fini d'être frappé d'étonnement.

Bref

Un excellent premier polar pour cet auteur. C'est sombre, dur, réaliste, le personnage principal très sympathique. C'est un 4,5/5 pour moi.

Avertissement : Une copie de ce titre m'a été fourni par l'éditeur. Aucune critique n'a été promise et la chronique ci-dessus est une critique non biaisée du roman.

The Doll Maker de Richard Montanari

(Byrne and Balzano)
487 pages
Mulholland Books (April 28 2015)

Richard Montanari est une découverte pour moi, bien qu'il n'en soit pas à son premier roman (loin de là, vu que c'est le 8e tome de la série !) Ce roman vient de sortir en anglais, mais comme ses autres livres ont été traduits... celui-ci devrait sortir en français dans quelques temps. 

Dans ce livre, les détectives Byrne et Balzano enquête sur une série de meurtres touchant des enfants. La première victime, une jeune fille, est retrouvée sur un banc fraîchement peint, accompagnée d'une invitation formelle à un thé dansant la semaine suivante. Sept jours plus tard, deux jeunes adolescents sont retrouvés dans une maison abandonnée, posés sur des balançoires fraîchement peintes... accompagnés d'une invitation formelle à un thé dansant et d'une poupée de porcelaine. Byrne et Bazano ont une semaine pour trouver le lien entre les meurtres et empêcher qu'une autre victime soit retrouvée morte. 

J'avoue avoir beaucoup aimé la couverture du livre, intrigante et inquiétante à souhait et que l'histoire m'a vraiment attirée. La bonne nouvelle, bien que n'ayant jamais lu les premiers livres de la série, je n'ai jamais eu l'impression d'avoir loupé un épisode. Il est donc facile de découvrir cette fine équipe par ce livre (et ensuite lire les autres). Byrne et Balzano sont deux flics différents et pourtant très similaires, l'un d'origine irlandaise, l'autre italienne, ils n'en sont pas moins têtes de mules et très proches de leur famille. Je ne sais pas si c'est dû au fait que les personnages sont déjà ancrés dans la série, mais il se dégage un air de familiarité avec Byrne et Balzano, bien que je vienne tout juste de les découvrir. Ce sont deux personnages très sympas et j'allais dire "normaux", au point qu'on a vite la sensation d'être de leur famille

Au départ - et surtout à cause de la couverture (comme quoi la couverture ne fait pas le livre...) - je craignais que les enfants soient transformés en poupées, mais ce n'est heureusement pas le cas. Il y a une certaine tension dans le récit, un côté insidieux aux meurtres qui mélangent l'horrible (tuer, c'est moche) au très sophistiqué, une part très dérangeante dû à une certaine délicatesse dans les meurtres. C'est un peu comme se retrouver à table avec Hannibal Lecteur (dans la série du même nom), vous mangez des choses très élaborées, très classes, mais franchement inquiétantes (est-ce bien du veau que je mange ou le gros porc de l'étage d'en-dessous ?) Montanari réussit la même ambiance, avec un mélange de raffinement à la française et de suspects assez dérangés. Les suspects (les pour ne pas dire le ou la, mouahahah), parlons-en, sont très différents de ce que j'ai l'habitude de lire ! Je ne peux rien dire pour ne pas vous gâcher la surprise (l'horreur ?) de la découverte, mais c'est très prenant.

Bref

Un excellent roman, une ambiance inquiétante, sophistiquée, des personnages attachants et des suspects très dérangeants. C'est un 4.5/5 pour moi. 

Avertissement : Un e-galley de ce titre m'a été fourni par l'éditeur. Aucune critique n'a été promise et la chronique ci-dessus est une critique non biaisée du roman.